Thea Jules Wheeler

- Say something, i'm giving up on you... -

Identité

MADE BY .ANGELUS

Once upon a time

- Petite citation -

"Papa, l'avion, l'avion!"
"Encore? Mais on arrête pas depuis une heure!"
La fillette rit et tend à nouveau les bras. Elle se fiche qu'il soit bientôt l'heure d'aller se coucher Elle se fiche même d'avoir à peine fini de dîner et de risquer de vomir. En fait, elle veut simplement que son père lui fasse faire l'avion, qu'il la prenne encore dans ses bras, qu'il la fasse rire. Elle veut absolument rester avec lui, encore rien qu'un peu, juste pour quelques minutes de plus. Et il sourit puis se penche pour l'attraper. Et il la fait tourner, encore et encore.
"Thea, c'est l'heure: Demain tu vas à l'école, alors au lit!"
L'avion s'arrête soudainement et Thea Wheeler soupire avant même de toucher le sol. Ses petites mains agrippent celles de son père et il ne la lâche pas, finalement. Par contre, il se met à marcher, l'accompagnant apparemment jusque dans sa chambre. Là il la couche et la borde avant de s'asseoir près d'elle. Et comme tous les soirs depuis un bon moment maintenant, il prend le livre encore posé sur la table de chevet et l'ouvre à la page où ils s'étaient arrêtés la veille. Tous les jours, c'est pareil, une sorte de routine apaisante et rassurante. D'ici, Thea entend sa mère, encore dans la cuisine qui doit faire la vaisselle et elle se dit qu'après, ce sera à son tour de venir lui dire bonne nuit. Après elle repartira et emportera son mari avec elle, laissant sa fille seule. C'est le moment que Thea aime le moins: Voir ses parents s'en aller et la laisser dans sa chambre avec ses peluches pour seule compagnie. Pourtant la petite fille s'allonge et écoute attentivement l'histoire. Le temps passe, file vite. Bientôt elle voit sa mère arriver et son père ferme le livre, lui promettant la suite le lendemain. Chacun leur tour, ils embrassent Thea sur le front et s'en vont.

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La porte de la classe s'ouvre soudainement, coupant le professeur dans ses explications. Machinalement, tout le monde lève la tête, pour aperçevoir le principal du lycée. Lui qui ne sort de son bureau que pour rejoindre sa voiture le soir ou encore pour déjeuner, à fait le décplacement, signe que ce doit être important. Grave, même. Les sourcils de Thea se froncent et lorsque les yeux de l'homme se fixent dans ses siens, elle lâche son stylo, comme sous le choc.

Ne lui demandez pas comment elle a su que c'était une question de vie ou de mort: Elle ne saurait pas vous répondre parce qu'elle ne le sait pas elle même. En tout cas, son coeur à loupé un battement et elle a soudainement senti la bile remonter le long de sa gorge. Quelque chose se passe. Quelque chose cloche et ça ne va pas être beau à voir ou à entendre, elle le sait. De sa place, Thea voit le principal se détourner pour ensuite dire quelques mots au professeur, qui pâlit d'un coup.
"Thea...Prends tes affaires le plus rapidement possible. Monsieur le Principal à quelque chose à te dire."
L'estomac et la gorge nouée, les yeux commençant à brûler doucement sous le poids des larmes, elle s'exécute et traverse la salle plongée dans un silence pesant. Affreusement stressant. Elle sent les regards qui l'accompagnent, qui la jugent. Les autres élèves se demandent sans doute ce qu'elle peut bien avoir fait pour être ainsi conviée et voit déjà d'ici les rumeurs parcourir le collège. Sauf que pour l'instant c'est bel et bien le cadet de ses soucis. Elle suit sans dire un mot, l'homme et ils sortent de la salle. Ensembles et sans prononcer une seule parole, ils traversent quelques couloirs avant d'arriver dans le hall d'entrée: là, Thea voit sa mère, qui l'attend. Elle se tient droite, mais ça lui parait être extrêmement difficile, un peu comme si elle portait le poids du monde sur ses épaules sans oser s'effondrer. Par contre, Thea voit d'ici les larmes qui coulent, les épaules de sa mère tressauter, entend les sanglots qu'elle veut discrets sans grand succès. Et là, elle comprend. Tout lui vient en tête et elle s'arrête soudainement de marcher. Impossible. Pas ça. Non, pas question. Ce n'est pas réel. Ca n'arrive pas, pas pour de vrai. Sa mère n'est pas là. Thea n'est pas là non, plus, elle a du s'endormir durant le cours et s'est comme noyée dans un cauchemar effroyable.

Mais les secondes passent, semblent d'étirer. Et c'est sa mère qui choisit de faire les quelques mètres qui les séparent encore.  Elle prend sa fille dans ses bras et la serre fort en lui murmurant inlassablement qu'elle est désolée. Sauf qu'elle n'a pas de raisons de l'être: Après tout, ce n'est pas elle qui a dit à son mari de prendre le volant pour aller faire une course. Ce n'est pas elle qui a dit a ce chauffeur de percuter la voiture de l'homme qu'elle aimait. Ce n'est pas elle qui a prémédité ce meurtre.
La soir même, même le journal télévisé en parlait: Un homme venait de mourir dans un grave accident au coeur de la ville, près du supermarché. Le coupable de l'accident, apparemment en tort, avait non seulement pris la vie du père de Thea, mais avait en plus pris la fuite. Trop peureux, trop lâche. Mais qui que ce soit: Homme, femme, jeune, vieux...Thea voulait simplement le retrouver, le voir être jugé et emprisonné: Et s'il pouvait être tué à son tour après être entré dans la prison, ça l'arrangerait même grandement. Non, étonnamment elle n'a pas d'envie de meurtres, parce qu'elle sait que qui que soit le coupable, celui-ci ne mérite carrément pas qu'elle aille en prison après avoir commis l'irréparable.

Mais il paiera. Un jour, elle le retrouvera et il paiera.

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"Bon, je sais d'avance qu'elle va être la réponse, mais je demande quand même: ça te dit un cinéma ce soir? Une soirée mère/fille après une longue semaine de cours chiants et ennuyeux à mourir pour toi et de réunions à rallonge et de clients étrangers et cons comme la lune pour moi. Allons nous amuser!"

Thea sourit et secoue la tête. Le cinéma n'est pas une mauvaise idée, comme semble le penser sa mère: C'est juste qu'elle ne peut pas. Malgré le fait qu'elle soit presque une complète associale, une fille de sa classe appelée Jessie, l'a invitée à une fête. Toutes les deux sont partenaires en chimie et ont sympathisé au fil du temps: Et bien qu'elles ne soient pas exactement amies, Thea a cru bon de ne pas refuser, histoire de ne pas passer pour une fille qui reste chez elle le vendredi. Ou qui sort au ciné avec sa mère...Chose qu'elle fait fréquemment, en réalité. Bref, le fait est qu'elle a dit oui et que bien qu'elle appréhende, Thea a hâte d'y être. La musique à fond, l'alcool qui coule à flot, les garçon...Oui, tout ça c'est le grand inconnu, mais elle ne veut pas passer à côté.
"Désolée, je sors déjà ce soir. Avec une amie."
Autant ne pas inquiéter sa mère. Celle-ci paraît d'ailleurs surprise.
"Ah oui? Wow. Qui?"
"Tu connais pas. Mais elle est sympa, elle m'as invitée à cette fête et je ne me voyais pas dire non."
Thea file dans sa chambre, espérant secrètement que sa mère se contenterait de ça, mais non. Ce serait la sous estimer.  
"Attends, attends! Dis-m'en plus, Thea!"
"Je suis déjà en retard, m'man!"
Elle attrape son téléphone, son sac, sa veste. Puis elle passe à côté de sa mère, dépose un baiser sur sa joue avant de s'en aller.
"A tout à l'heure!", lance-t-elle avant de claquer la porte derrière elle. Son amie l'attend déjà dans une voiture garée dans l'allée. Ensembles, elles prennent la route et se mettent à parler de choses et d'autres.
Puis, alors qu'elles n'étaient plus très loin du lieu de rendez-vous, Thea remarqua cette voiture. Apparemment abandonnée, elle était au beau milieu de la route, feux de détresse allumés. Les sourcils de Thea se froncèrent et son amie arrêta son propre véhicule. "Mais qu'est-ce que..." Ensembles, d'un même mouvement, elles se détachèrent et sortirent de la voiture pour aller voir. Mais rien. Aucun signe de vie, pas âme qui vive.
"Peut-être qu'il y a eu un souci et que le conducteur est parti chercher de l'aide", propre simplement Thea en regardant par la fenêtre pour ne trouver dans l'habitacle que du vide, comme elle s'en doutait déjà. Mais elle ne reçu aucune réponse de son amie. Alors, à la fois intriguée et apeurée, elle se retourna: Puis ce fut le noir complet.

Le lendemain, elle se réveilla dans son lit, sans aucun souvenir de ce qui avait pu lui arriver la veille. Seul vestige de la soirée, cette trace immonde en forme de croissant de lune profondément encrée dans la peau de sa clavicule droite. Elle ne sait pas ce que c'est, où ou encore qui a bien pu lui faire ça, mais ce dont elle est déjà certaine, c'est qu'on l'a remise dans son lit après l'avoir agressée.

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La douleur. La peur. L'effroi. Tout ça, c'est ce que Thea ressent actuellement, en ce soir de plaine lune. Elle ne s'y attendait pas. Pourtant elle voit belle et bien son corps changer, des crocs et des griffes pousser. Elle sent la rage s'emparer d'elle et ne veut qu'une chose: Courir et tuer. Traquer et manger. Voilà un mois presque jours pour jours qu'elle n'a pas revu son amie, qui a quitté le lycée juste après la fameuse soirée dont Thea n'a toujours aucun souvenir. Mais la marque ayant disparu une semaine plus tard, elle n'y a plus jamais repensé. Pas avant ce soir. Et là, Thea commence à se poser des questions: Qu'est-ce qui lui arrive? Pourquoi son comportement dans la vie de tous les jours a-t-il changé et surtout, pourquoi est-elle en train de devenir une sorte de monstre? Elle ne se reconnait absolument pas depuis quelques semaines et ce soir, c'est juste la goutte d'eau. Alors Thea profite du fait que personne ne soit à la maison pour se laisser aller, pleurer et crier à sa guise. Parce qu'elle a mal. Son corps change et elle ne sait pas quoi faire. Doit-elle partir? Doit-elle fuir, s'en aller loin? Qu'est-ce qu'elle va faire? Soudain, alors qu'un marteau piqueur semble marteler son crâne, Thea entend tout de même la sonnette retentir dans l'entrée. Quelqu'un s'attend à ce qu'elle ouvre, mais Thea hésite. Après tout, elle a des crocs et des griffes! Elle est immonde, une sorte de loup ou quelque chose comme ça! "Thea. Thea, ouvre-moi. Je sais ce qu'il t'arrive. Je peux t'aider."
Thea sursaute en reconnaissant la voix de son ancienne partenaire de chimie. Ah, elle est en vie celle-là, finalement! Thea ne peut s'empêcher de se dire qu'elle se doutait que sa pseudo amie devait être complice de ce qui lui arrive en ce moment. Alors, guidée par son instinct, mais à contre coeur, elle va ouvrir la porte.

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